Je me suis rendu aux Tonga dans le cadre de la réalisation d’un documentaire sur la protection des océans. J’avoue que je n’avais jamais imaginé partir aux Tonga avant cette opportunité. En creusant un peu, j’ai découvert cette petite île moins connue du royaume tongien : ‘Eua (à prononcer « É-ou-a »). Moins touristique que Vava’u, mais plus authentique et sauvage. Et surtout… on peut y observer les baleines à bosse dans un décor de bout du monde.
Arriver à ‘Eua
Option 1 – L’avion (rapide, mais un peu sportif)

Au retour (mais c’est possible de le prendre à l’aller aussi), j’ai pris un petit vol domestique depuis Nuku’alofa (la capitale, sur l’île principale de Tongatapu) avec Lulutai Airlines. Attention : c’est un petit coucou de 8 places environ, le type d’avion où vous êtes assis à côté du pilote. Le vol dure à peine 10 minutes, c’est l’un des plus courts au monde ! Sensations garanties, surtout s’il y a un peu de vent.
Attention également : prévoir dans tous les cas l’option Ferry, car lorsque je suis arrivé sur l’île principale de Tongatapu, la météo n’était pas bonne, et ils ont tout simplement annulé notre vol. Autre information, cet avion peut aussi être réquisitionné par le roi au dernier moment s’il souhaite venir passer le weekend sur l’île… J’ai dû me rabattre sur le bateau en dernière minute, sans être tout à fait sûr qu’il reste de la place.
Option 2 – Le ferry (plus lent, mais plus local)
Si vous voulez voyager à la tongienne, il y a un ferry public qui relie Tongatapu à ‘Eua en 2 à 3 heures, selon la météo (plutôt 4 heures dans mon cas…). C’est beaucoup moins cher que l’avion, mais il faut être prêt à une traversée un peu rude si la mer est agitée. Petit conseil : Prenez des cachets contre le mal de mer !
Autre conseil : Réservez le vol ou le ferry dès votre arrivée à Nuku’alofa, car les places sont limitées et les horaires peuvent changer à la dernière minute (ah, les îles…).
Je dois dire que malgré les vagues et les conditions éprouvantes du ferry, le trajet à été magique. Nous sommes partis de nuit. Puis, doucement, le jour s’est levé. Au milieu des embruns, nous avons pu observer de loin des dizaines de baleines. Un bon premier avant goût de ce qui nous attendait.

Où dormir à ‘Eua ?

Il n’y a pas de grands hotels ici, et c’est ce qui fait le charme de l’île. J’ai logé dans une guesthouse locale : le Blue Water Retreat. Le cadre est simple mais chaleureux, et surtout… c’est là que se trouve l’une des entreprises qui organisent des sorties pour nager avec les baleines. Les maisonnettes (sortes de mobil home) sont assez sommaires (mais propres), on sent que les gens viennent ici pour voir les baleines, pas pour le confort. Dans le bâtiment principal, une grande salle à manger réunit tous les clients le soir et le matin. C’est agréable, car il n’y a que des passionnés de baleines venus des quatre coins du monde. Notez également que des spécialistes viennent régulièrement donner des conférences sur les baleines après le repas.
Je me souviens particulièrement de mon arrivée à l’hôtel. La chambre n’était pas encore prête, j’ai donc pris un café, face à la mer. En seulement une quinzaine de minutes, j’ai pu voir une quinzaine de baleines sauter, à quelques centaines de mètres du littoral. Leurs souffles semblaient ininterrompus, nous les entendions même depuis la chambre en pleine nuit !
Conseil : Réservez votre hébergement plusieurs mois à l’avance en saison (juillet à octobre), car les logements sont rares et très demandés pendant la migration des baleines.
Nager avec les baleines

C’est LE moment magique. J’ai réservé ma sortie directement avec le Blue Water Retreat, connus pour leurs respects pour les animaux. Ce qui est unique ici, c’est qu’il n’y a qu’une ou deux embarcations maximum sur l’eau chaque jour – donc pas de foule, juste vous, la mer, et les baleines.
Le matin, on part en petit groupe (6 personnes max) sur un bateau. Le capitaine, Mark (que je vous recommande pour sa bonne humeur, sa passion pour les baleines et ses connaissances scientifiques), scrute l’horizon. Les baleines semblent être tout autour de nous, l’idée est de repérer des baleines qui font une pause, pour pouvoir les observer plus longuement. Une fois une baleine repérée, Mark descend dans l’eau, seul d’abord, pour s’assurer de ne pas déranger la baleine (souvent accompagnée de son baleineau), puis nous fait signe de le rejoindre par petits groupes de deux, pour ne pas stresser les animaux.

La magie commence. Le bleu est intense, on ne voit rien au début malgré la clarté de l’eau. Puis, tout à coup, une baleine à bosse passe lentement devant moi, immense, majestueuse, paisible… C’est à couper le souffle. Elles semblent si lentes, pourtant, il faut nager vite pour réussir à les suivre. Sous l’eau (en apnée, car les bouteilles sont interdites), les chants nous paraissent si proches, si forts. Des sons tout droit sortis de Jurassic Park. La baleine que je croise vient d’accoucher (sans doute il y a un jour ou deux). Elle doit régulièrement pousser son baleineau à la surface pour lui apprendre à respirer. Leur relation est très émouvante. La mère est protectrice, mais semble accepter (à bonne distance) notre présence. Fasciné par cette maman et son petit, je ne remarque qu’au dernier moment un groupe de 4 baleines qui passent quelques mètres sous moi. Comment de tels animaux, si immenses, peuvent s’approcher ainsi sans un bruit ? C’est beau, et légèrement effrayant à la fois. Leur nageoires ne passent pas loin de moi, et il ne suffirait que d’un léger contact pour être assommé.
La nage dure une dizaine de minutes. Les baleines s’éloignent, et nous devons remonter dans le bateau. Si vous avez de la chance, vous pourrez revivre cette expérience 3 ou 4 fois dans la même journée. Notez que ces sorties touristiques ont également une utilité scientifique. En effet, Mark enregistre dès qu’il le peut les chants des baleines. Ces sons sont envoyés ensuite à des scientifiques dans le but de mieux comprendre ce langage (car oui, il s’agit bien d’un langage) que les baleines sont capables de se transmettre entre elles.
Mes conseils pratiques pour la plongée :
- Apportez votre masque, tuba et palmes, ou louez-les sur place.
- Prenez une combinaison si vous êtes frileux (l’eau est fraîche en hiver austral).Pour ma part, je n’en avais pas, je n’ai pas eu froid.
- Pas besoin d’être un nageur pro, mais vous devez être à l’aise en mer.
- N’utilisez pas de crème solaire classique : privilégiez les produits reef-safe.
- Oubliez les requins qui rôdent autour de nous 🙂
Meilleure période pour venir
La saison des baleines s’étend de juillet à octobre, avec un pic en août et septembre. C’est à ce moment-là qu’elles viennent donner naissance dans les eaux chaudes des Tonga, avant de repartir vers l’Antarctique.
Petit rappel : L’observation et la nage avec les baleines sont très réglementées, et tant mieux ! Cela garantit une approche respectueuse de ces animaux extraordinaires.
Et sinon, que faire à ‘Eua ?
Après l’émotion des baleines, j’ai aussi pris le temps d’explorer l’île. Voici mes coups de cœur :
- La randonnée dans le parc national d’Eua : des falaises, des forêts primaires et des grottes.
- Le lever de soleil : qui est le premier lever de soleil de la journée observable depuis la terre ferme.
- Les falaises de Lokupo : vues spectaculaires sur l’océan.
- Une vibe super paisible, parfaite pour lire, écrire, ou juste contempler le monde.



À emporter absolument à Tonga
- Votre équipement de snorkeling
- Des vêtements légers + une veste pour les soirées fraîches
- Des chaussures de rando (les sentiers peuvent être boueux)
- Du cash (il n’y a pas toujours de distributeur à ‘Eua !)
- Une batterie externe (l’électricité peut être capricieuse)
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